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vendredi 29 septembre 2017

           
               Caro Diario       




        Ma ville notre terrain de jeux

                       
                   Le Puy-en-Velay 1956

    
     Ville de notre enfance, formidable, magnifique, parfaite pour des enfants et pour y vivre.
Ni grande, ni petite, pleine de ruelles étroites comme des coupe-gorge.
      Enfant, on pouvait jouer dans toutes ces rues,
Elles étaient tellement étroites que les voitures ne pouvaient pas y passer.
     George Sand avait raison, ville pittoresque et moyenâgeuse.
On n’en connaissait pas tous les noms,
Mais on les avait toutes parcourues, un jour ou l'autre.
     Partout, dans chaque recoin, il y avait de quoi faire nos jeux,
De bandits de grands chemins, de chevaliers,
De voyous, de soldats, et de  princes et princesses,
Tous les personnages y étaient possibles.
Toute la journée, des bandes de gamins
 Couraient dans tous les sens de la vielle ville, la ville haute.
On attaquait la vierge sur son rocher, et on se battait à l'intérieur de son ventre.
On donnait l'assaut au rocher Saint-Michel, en montant les deux cents soixante-huit marches.
 En passant par les escaliers de  la place du Clauzel,
 On empruntait le couloir traversier de l'imprimerie .
Au passage on fouillait les poubelles pour prendre les petites plaques de moules, 
 Coulées d'un alliage étain-plomb formant une ligne-bloc d'un seul tenant.
Elles avaient encore des caractères d’imprimerie,
On s'amusait à les déchiffrer comme si c’était un code secret.
On ressortait par la rue du Bouillon pour accéder à la montée de la cathédrale,
Et à la pierre des fièvres, on se couchait dessus et on faisait le mort.
On se cachait à l'intérieur de la basilique et même parfois dans les confessionnaux,
D’où le prêtre nous chassait en courant, en soulevant sa soutane pour ne pas s’affaler.
Et il nous maudissait de toutes les flammes de l'enfer.
La ville était comme un château,
Et nous, on en était les habitants et ses défenseurs.
Et tous, on aimait notre ville.
Notre Puy-en-Velay.
Et je pense que j'y retournerai un jour pour y vivre à nouveau.





Pierre des fièvres





« Rien ne peut donner une idée de la beauté pittoresque de ce Bassin du Puy ;
Ce n’est pas la Suisse ; c’est moins terrible ; ce n’est pas l’Italie ;
C’est plus beau ; c’est la France Centrale avec tous ses Vésuves éteints ;
Et revêtue d’une splendide végétation…La Ville du Puy est
Partout pittoresque ; c’est encore une Ville du Moyen Age »
George Sand dans : le Marquis de Villemer.





          Retrouvez cette nouvelle dans "Des Mots pour mes Maux et souvenirs"

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