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mardi 4 décembre 2018


                   Je serai au marché de Noël de Vorey 43800, le dimanche 9 décembre 2018

samedi 1 décembre 2018

                                     La chambre du mort

   Caro Diario   



 L'année 1962, mes parents avaient en gérance un Bar Hôtel  dans la ville haute,
Une année pleine de rebondissements en tout genre.
Ce matin-là, maman après avoir eu la visite de la police,
Me demanda de venir l'aider à faire les chambres,
Comme tous les matins quand je n'avais pas école.
Une fois dans la chambre, j'ai rangé les affaires de toilette dans la trousse,
Et ma mère, tout en pliant des vêtements dans une valise sortie de dessous le lit
M’expliqua que le jeune homme qui louait cette chambre,
Était mort cette nuit, assassiné dans la rue du collège par un voisin
Le locataire de maman, grand, jeune et beau garçon d' un mètre quatre vingt-cinq,
d'origine Tunisienne,
Toujours bien habillé, avait été tué à coups de pistolet par un mari jaloux.
Mon sang quittait ma tête, ma boule au ventre était de retour,
 La sueur coulait sur mon front, et mes mains et mes jambes tremblaient.
Je n'osais plus  toucher les objets du mort et surtout pas son rasoir,
 Que je lâchais dans le lavabo.
Je le revoyais me dire « Bonjour Martine » le matin quand je partais à l'école,
Lorsque l'on se croisait dans l'escalier.
J'avais envie de partir en courant mais je n'ai pas pu bouger,
 Et je suis restée avec maman, la regardant finir la valise en ne touchant plus rien.
Encore une grande peur ce jour-là.




                         Retrouvez cette nouvelle dans "Des Mots pour mes Maux et souvenirs






vendredi 30 novembre 2018

jeudi 22 novembre 2018

mardi 6 novembre 2018




Préparation des marchés de NOEL de Beaulieu le 2 décembre et le 9 décembre à Vorey 2018.
Marque-page offert,  plume argentée
.








jeudi 1 novembre 2018



                                                                                                      

                                                       L'ÎLE AUX CENTENAİRES


           Chaque matin, les jumelles, Laurie, Lorette et leur frère Paul faisaient le ménage de leur petite église. Avec dévotion et une bonne dose d'huile de coude, Paul faisaient briller de mille feux, les chandeliers en cuivre, l'argenterie, les bronzes dorés et tous les objets du culte. La chaire en chêne était cirée tous les samedis pour la messe du dimanche. Le sol de dalles noires était lavé, brossé à grande d'eau et sentait bon le propre. Les livres de messe bien à leur place devant les prie-Dieu des paroissiens et l'eau bénite était changée chaque semaine.
     
    Toute l'année, Paul et ses sœurs embellissaient l'autel avec des fleurs de saison. Lilas, roses parfumées, pensées et chrysanthèmes ce succédaient dans le chœur du sanctuaire. Les chasubles et des vêtements liturgiques étaient blanchis et amidonnés par leurs soins au lavoir de la paroisse.           

     Maintenant à la retraite, frère et sœurs, se dévouaient bénévolement à cette tâche et monsieur le curé, leur en était reconnaissant. Paul, boiteux de naissance, guidait la visite de l'ossuaire pendant la saison touristique. Dans des catacombes, les squelettes étaient entassés du sol à la clef de voûte, par catégorie et formaient des tas bien alignés le long des parois rocheuses du labyrinthe. Pendant des siècles les insulaires y avaient entreposé les ossements de leurs morts.
    

     Des milliers de vestiges humains y reposaient pour l'éternité. Paul aimait rendre service à monsieur le curé et avait un profond respect pour les défunts. Il n'avait pas peur de la mort et prenait bien soin de toutes ces reliques pour les montrer aux générations futures. Avec l'arrivée des congés payés, des touristes curieux ou avides de sensations fortes débarquaient du bac le matin. Un flot de vacanciers du continent s’agglutinait devant l'entrée de la lourde grille en fer forgé de la crypte. Les visiteurs, intrigués, déambulaient, stupéfiés dans les galeries fraîches et sombres de la nécropole. 
    
     Parfois les sœurs accompagnaient Paul dans ce dédale de couloirs qu'elles connaissaient par cœur. Les jumelles, soixante-cinq ans et Paul, soixante-deux ans, vivaient avec leur mère dans une petite maison face à la mer.
     
     Le premier de chaque mois, leur vieille mère se rendait à la banque pour retirer sa pension, poussée dans son fauteuil roulant par une des jumelles. La vie de la famille n'était pas facile, retraités tous les quatre, avec une allocation de misère, ils avaient du mal à boucler les fins de mois. Depuis quelque temps, le quotidien de la famille avait changé. Une fois par semaine, le vendredi, le poisson s'invitait sur la table et le samedi était jour de viande rouge. À l'épicerie du village, ils n'achetaient plus à crédit et se permettaient même, de temps en temps des entorses à leur quotidien. La pompe du puits ayant rendu l'âme, leur grand projet, était de pouvoir installer, l'eau sur l’évier.
     
    L'île aux centenaires, était bien connue sur le continent pour la longévité de ses femmes, qui dépassait la moyenne nationale. Le climat y était doux l'hiver et les vents de l'été apportaient de la fraicheur de la mer. Il faisait bon y vivre, la vie y était un peu rude mais paisible et la nourriture saine. Le village était sans confort et la marche à pied était le sport le plus pratiqué sur l'île. Le premier jour du mois venu, Lorette pénétra dans la chambre de sa mère, ouvrit la porte de l'armoire et se vêtit d'une robe sombre, de bas noirs, se coiffa d'une perruque grise et s'installa dans le fauteuil.
     
     Laurie sortit de la maison en poussant le fauteuil et les deux femmes se rendirent à la banque pour toucher la pension. La tête de la mère vacillait de gauche à droite, une grosse paire de lunette fumée lui dissimulait une partie de son visage, mais le ton de sa voix était clair et net, quand elle demanda le solde de sa retraite. Ses doigts mouillés de salive, comptaient avec application les billets de banque, afin de s'assurer que le compte y était bien. De retour à la maison, Lorette reprenait son rôle de jumelle et mettait l'argent dans le tiroir de la cuisine. Depuis que leur mère était morte dans son sommeil à l'âge de quatre-vingt-cinq ans, Lorette, jouait à la perfection le rôle de la mère.
     
     Longtemps, la fratrie n'avait su que faire de ce corps, resté dans la chambre fenêtre ouverte et qui s'était lentement décomposé. En trois mois, il s'était desséché, racorni sous l'action de l'air marin, du vent et avait diminué de moitié. Puis, une idée avait germé dans leur esprit et fait son chemin, La Crypte.
    
      Par une nuit sans lune, Paul poussa sa brouette avec le corps de la défunte, suivi des jumelles, tout ce petit monde pénétra dans la crypte en récitant ses prières. Ils allongèrent la dépouille momifiée de la vielle femme avec les autres corps de la nécropole. Chaque jour, après la mise en place de la chapelle, les trois comparses, en fin de matinée, passaient dire bonjour à leur mère et se signer devant sa dépouille. Il fallait bien que cette mort serve à quelqu'un, alors, par ces temps de misère, pourquoi ne pas améliorer le quotidien. Ce n'était pas un crime de vouloir manger à sa faim et la retraite de la mère, leur était précieuse. Bien sûr, ils savaient qu'un jour il faudrait que leur mère, dans l'année de ses cent ans, parte sur le continent, en maison médicalisée, mais un accident est si vite arrivé, son fauteuil roulant pourrait tomber du bac et le corps ne serait jamais retrouvé dans cette mer agitée.
     
     Mais, ils avaient du temps, leur mère n'avait pas encore fêté ses quatre-vingt-cinq ans, cela leur laissait encore quinze ans à pouvoir bénéficier de la précieuse retraite. Il y avait sur leur île, plus de femmes centenaires que de naissance alors, une de plus, ce n'est pas cela qui allait changer les statistiques. Lorette, jouait tellement bien le rôle de sa mère, elle était une comédienne née et elle y mettait tout son talent. La vie serait douce encore pour eux, pendant quinze ans, si dieu leur pardonnait et ils n'en doutaient pas.
 




                  Retrouvez cette nouvelle dans mon recueil "A L'ABRI DES REGARDS"



mercredi 17 octobre 2018

     






                                                             
Le 12 avril 2011

                                                                                 LES MAINS
Aujourd'hui la seule chose à laquelle je pense, c'est aux mains de mon père.
 Cette paire de mains qui m'a sorti du ventre de ma mère en me donnant deux fois la vie.
 Puis à d'autres mains, celle de son épouse qui lui a tenu la main durant toute son agonie.
 Mains dans les mains, elle lui a manifesté sa présence et son amour, pour qu'il ne parte pas seul.
 C'est encore ses mains qui lui ont fermés les yeux et joint ses mains.
 Aujourd'hui je n'ai pas autres images en tête que les mains de mon père, que je ne toucherais plus.
Martine.

mardi 16 octobre 2018

lundi 1 octobre 2018




                                          
11 mai 1958


                             Ma première communion.
                                                     
                                                                Caro Diario   
                            Mon premier mensonge



Ma première communion était en préparation depuis une semaine,
C’est ma grand-mère
Qui supervisait le tout de son deuxième étage de la Place de la halle.
Faut dire que maman attendait son cinquième enfant :
" Ma sœur et j'en étais sûre".
Je devais aller me confesser deux fois avant le grand jour.
La première fois de la semaine, je n'avais pas l'habitude de la chose,
Le confessionnal m’impressionnait et me faisait un peu peur.
Une fois installée à l’intérieur,
 La fenêtre de bois coulissante s’ouvre, le  prêtre que je vois en quadrillage me fait peur.
Il me demande avec insistance de lui dire la liste de mes péchés.

J'ai sept ans et demi et j'ai beau chercher je ne trouve rien à lui dire,
Alors pour m'aider dans mon devoir, il me guide dans mon choix,
En me récitant tous les péchés du monde,
Auxquels je ne comprends rien et réponds non à tous.
Puis il s’arrête sur le péché de gourmandise,
Je suis bien obligée de dire que je suis gourmande,
Et je pense aux choux à la crème chantilly de chez Doutre de la Place de la halle.
Alors, commence mon calvaire de l'après-midi…
Comme punition je dois réciter des
« Je vous salue Marie » et des « Notre père » toute une partie de l'après-midi,
 Chose bien sûr que j'ai faite la mort dans l’âme tellement je trouvais cela injuste.

 La veille de ma communion, lors de mon deuxième passage au confessionnal,
« Des fois que j'ai péché encore »
J'arrive à l'église du collège, je n'ai pas peur et j'y rentre avec courage.
Quand le prêtre me demanda la liste  mes péchés, je lui répondis non à tout,
Alors, il s’arrêta encore sur ce fameux péché de GOURMANDISE.
Je lui dis d'une voix ferme et catégorique et d'un ton que je ne me connaissais pas,
Et qui me surpris moi-même ainsi que lui :
«Non, je n'aime que le salé »

Cette fois je m'en étais bien sortie et j'ai pu rentrer à la maison
 Pour le premier essayage de la jolie robe blanche de  ma communion du lendemain.
Le matin du grand jour le onze mai 1958,
J’étais belle comme une princesse,
Avec ma jolie robe courte blanche et mes petits souliers blancs.
Mes cheveux longs, qui d'habitude me descendaient jusqu’aux fesses,
 Avaient été coiffés et j'avais des anglaises tout autour
De ma belle couronne de fleurs blanches en tissus.


                                        Il y a des jours comme ça où tout va bien.



























 



                              Retrouvez cette nouvelle dans "Des Mots pour mes Maux et souvenirs"



samedi 29 septembre 2018



                                          Salon du livre de Prades le 29 septembre 2018

mardi 25 septembre 2018

Je serai en dédicace au salon du livre de PRADES 43300 pour les 10 ans du salon, le samedi 29 et le dimanche 30 septembre 2018.

dimanche 23 septembre 2018

lundi 17 septembre 2018

JE SERAI EN DEDICACE AU SALON DU LIVRE DU CHAMBON-SUR-LIGNON, LE DIMANCHE 23 SEPTEMBRE 2018.

dimanche 2 septembre 2018




L'ÉCOLE BUİSSONNİÈRE 






     


     Ce matin en se rendant à l’école, Pierre avait changé d'avis, il allait faire l'école buissonnière avec ses nouveaux copains, peu recommandables aux yeux de sa mère. Pendant qu'il vagabondait sur le trottoir dos à l'école, il avait été ceinturé par un individu, balancé et enfermé dans le coffre d’une voiture.

Enlevé par surprise alors, qu’il attachait les lacets de ses chaussures, il n'avait pas vu son agresseur. Une main plaquée sur sa bouche, un étau de bras musclés l’avait empoigné et arraché du sol et il s’était retrouvé prisonnier dans l’obscurité du coffre du véhicule, ballotté en tous sens. 

     Pierre avait peur, il savait que pour s’enfuir il lui fallait garder son sang froid. Au bout de dix minutes, la voiture ralentit, les roues avaient quitté la route pour un chemin de terre, son corps ressentait le choc des ornières de la chaussée bosselée. La porte d’un garage se referma et le coffre de la voiture s’ouvrit dans obscurité.

Il fut soulevé à bout de bras, porté sur l’épaule, jeté dans un petit cagibi où une petite ampoule nue produisait une lumière blafarde. L’individu masqué le laissa tomber violemment sur le sol, le fouilla et ressortit en refermant la porte. L’enfant entendit le bruit sourd et métallique d’un verrou que l’on repoussait avec force. 

     Dans cette petite cave puante, à même le sol, un garçon d'une douzaine années à moité dévêtu, somnolait sur une paillasse défoncée. Au fond, dans un angle du réduit, une fosse, surmontée de deux planches de bois en guise de WC. Sur les murs, il lit les noms des autres gamins l' ayant précédé et comprit, il n'était pas le premier et ne serait pas le dernier. 

La petite trappe de la chatière du bas de la porte s’ouvrit laissant passer un bol de lait avec une forte odeur aigre. Pierre n’avait pas soif, la peur, l'anxiété, nouaient son estomac, il délaissa le lait, s’assit à côté de l'enfant qui ne bougeait pas. Pierre secoua son petit compagnon d’infortune, la léthargie et la raideur de ce corps froid, lui fit comprendre, qu'il ne pouvait compter que sur lui, il était seul et la lumière s’éteignit. Il entendit la voiture de son agresseur s’éloigner, Pierre était gringalet et maigrichon pour son âge, mais vif et débrouillard et cherchait déjà une idée pour déguerpir . 

Il lui fallait faire vite s'il voulait fuir. Dans le noir, il s’allongea à terre, passa sa tête dans l’orifice de la chatière, resta bloqué au niveau du cou, son sang coulait sur ses yeux et sa bouche. Malgré son agilité et sa petite taille et son corps chétif, le passage était impossible. 

À l’extérieur le ronronnent d’un moteur se fit entendre, l'homme revenait, Pierre comprit, il lui fallait se cacher. Désespéré il chercha un endroit où se mettre à l’abri des regards et choisit, la pire solution. 

Au fond de la souillarde le trou à la turc d'où émanait une odeur nauséabonde d'urine et d’excréments serait sa cachette, il souleva les planches de bois et s’enfonça dans cette bouillasse épaisse. Accroupi et immergé jusqu'au cou dans les déjections et le liquide noirâtre, il resta tapis. Son visage, son corps étaient recouverts d'une épaisse couche de lisier, il n'en sentait pas l'odeur tant sa peur et sa détresse étaient grandes, mais c'était le chemin de la liberté. 

     L'homme pénétra dans la geôle, ne vit pas l'enfant, sortit en courant laissant la porte ouverte derrière lui et partit à sa cherche. D'un bond Pierre s'extirpa des latrines, remit les planches en place et s'enfuit en détalant comme un lapin . Il eut juste le temps de se dissimuler dans un appentis adossé au garage, derrière un vieux un tas de pneus, avant que l'homme ne revint sur ses pas. 

Un flot de larmes coula sur ses joues, quand il comprit que derrière lui, ce que ses mains tremblantes, touchait à l'aveuglette dans l’obscurité, étaient les vêtements et les chaussures des enfants qui avait eu moins de chance que lui. Tapis dans sa cachette, l'odeur de ses habits imbibés d'urine était insupportable, il n'en n’avait pas senti de suite la puanteur, qui maintenant lui montait aux narines et lui donnait la nausée .

Il vit son assaillant pénétrer dans le cachot des enfants, en un éclair, Pierre sortit de son refuge, bondit sur la porte en repoussant violemment le verrou de toutes ses forces enfermant à son tour son kidnappeur. Il partit en courant, il lui fallut une demi heure pour rentrer à la maison, juste à temps pour prendre sa douche  et  mettre ses vêtements au feu avant arrivée de sa mère. 

    Patins à roulettes aux pieds, il attendait sagement sa venue, dès qu’il l’aperçue, il s’élança vers elle à toute vitesse et se jeta dans ses bras. Sa mère vit les égratignures sur son visage et lui dit en colère qu'elle en avait assez des bagarres à la sortie de l'école. Pierre lui jura qu'il ne le ferait plus, avec une telle sincérité que, pour la première fois, sa mère ne mit pas en doute sa parole. Il y avait quelque chose dans son regard de changé, au ton de sa voix, elle comprit que maintenant elle pouvait lui faire confiance. 

    Plus tard, il signerait son carnet de correspondance pour son absence de la journée, ce serait la dernière, il se le jura. Pierre était chez lui maintenant, en sécurité en famille. Dans la conversation avec son père, il voulut savoir combien de temps un homme pouvait survire sans manger. 

Après trois mois d’enfermement, son ravisseur était mort de faim de soif dans sa cellule et il en était heureux. En allant en classe ce matin là, tout le monde parlait d'un corps d'enfant retrouvé dans une maison délabrée et de ce moniteur de sport du village voisin, si serviable que l’on avait retrouvé mort privé de nourriture, enfermé dans un petit réduit. Pierre s’était tu jusqu'à présent par peur de la pension et il allait garder son secret jusque dans la tombe, juré craché.

Par miracle il avait pu décamper à temps, chaque fois qu’il fermait les yeux, la vision d’horreur de ce petit corps couché sur sa paillasse, était présente et le tarauderait pour la vie. L’odeur des latrines serait toujours dans ses narines. 

        En gardant le silence, il avait laissé mourir un monstre, mais ce n’était que justice. En une journée, il avait grandi et d'un coup, il était rentré lui aussi, dans le monde cruel des adultes.
 



                Retrouvez cette nouvelle dans mon recueil "A L'ABRI DES REGARDS"